Krivoklat - Jacek Dehnel
Editeur : Les Editions Noir sur Blanc
Collection : Littérature étrangère
Parution : 15 février 2018
Pages : 160
Résumé de l'éditeur : Krivoklat, citoyen autrichien, est à nouveau interné en institution psychiatrique. À chaque fois qu’il en sort, il réitère son geste fou : asperger ou tenter d’asperger d’acide sulfurique un chef-d’œuvre de l’art occidental. Son idée fixe est de celles qui vous donnent du talent. Son tourment, sa colère noire, sa passion déchirante, il nous les expose dans un monologue torrentiel, atrabilaire, drôle à pleurer – que l’auteur a conçu comme un hommage amusé au grand Thomas Bernhard (1931-1989).
Bien entendu, le crime est passionnel : c’est par amour que Krivoklat vandalise, persuadé que seule la perte, la catastrophe, pourra réinvestir l’icône de son caractère unique, irremplaçable. Dehnel s’amuse, mais il nous livre aussi une réflexion passionnante et passionnée sur l’art et sa puissance. L’art dont on se protège en le photographiant, en le filmant, en en faisant des reproductions à l’infini. Et si Krivoklat déverse des flots de haine sur la société occidentale, hypocrite et vénale, il nous fait également partager sa connaissance intime du geste créateur. À travers l’évocation de son amour défunt, à travers aussi son amitié pour un artiste de génie, Zeyetmayer, interné comme lui, Krivoklat nous fait toucher du doigt ce qui, dans le chef-d’œuvre, nous révèle à notre humanité.
Bien entendu, le crime est passionnel : c’est par amour que Krivoklat vandalise, persuadé que seule la perte, la catastrophe, pourra réinvestir l’icône de son caractère unique, irremplaçable. Dehnel s’amuse, mais il nous livre aussi une réflexion passionnante et passionnée sur l’art et sa puissance. L’art dont on se protège en le photographiant, en le filmant, en en faisant des reproductions à l’infini. Et si Krivoklat déverse des flots de haine sur la société occidentale, hypocrite et vénale, il nous fait également partager sa connaissance intime du geste créateur. À travers l’évocation de son amour défunt, à travers aussi son amitié pour un artiste de génie, Zeyetmayer, interné comme lui, Krivoklat nous fait toucher du doigt ce qui, dans le chef-d’œuvre, nous révèle à notre humanité.
Mon avis : Je remercie le site Lecteurs.com et leur club des Explorateurs pour m'avoir permis de lire ce livre, en papier !
Je ne sais pas trop par où commencer. Je ne sais pas non plus si j'ai aimé ou non. Une chose est sûre : ce livre m'a bouleversée. C'est l'histoire de Krivoklat, un interné psychiatrique au Centre Médical du Château Immendorf, enfermé à cause du geste fou qu'il répète à chaque sortie : asperger à l'acide sulfurique à quatre-vingt-seize pour cent des tableaux de grands maîtres.
C'est une véritable immersion dans l'intimité de Krivoklat, qui nous pousse à voir le monde à sa façon pour comprendre ce geste d'amour destructeur. L'éditeur a bien nommé la structure de ce récit : "un monologue torrentiel". J'ai eu l'impression que Krivoklat parle, parle, parle sans arrêt, c'est d'ailleurs l'impression que donne la mise en forme du récit : sans aucun retour à la ligne, avec de très rares points. C'est la là difficulté de ce roman, car il faut s'immerger complètement dans l'histoire. Très difficile à lire dans les transports en commun, où l'on est toujours interrompu par quelqu'un qui vous bouscule ou des bruits de discussion. Un jour, j'ai perdu ma page à cause d'un câlin surprise de mon chat, pas besoin de dire que j'ai eu un mal de chien à la retrouver... C'est donc le genre de livre à lire dans son lit, au chaud, au calme, sans rien ni personne pour nous empêcher de plonger avec Krivoklat dans le débit vertigineux de son histoire.
Il raconte son passé, à un moment que l'on ne parvient pas à dater, comme si le temps c'était arrêté dans sa chambre. D'ailleurs, on ne sait même pas où on est. Et toutes les choses qu'il raconte, toutes ces choses qu'il critique dans un mélange de rage et de passion, semblent être rangées selon l'ordre aléatoire avec lequel elles apparaissent dans son esprit. Il n'y a aucune coupure dans le récit, véritablement comme une vraie discussion où l'on passe d'une idée à l'autre suivant le court de ses pensées. Une fois qu'on est plongé dans ce roman, difficile dans sortir, même le temps de faire une pause aux toilettes. Cette forme est pour moi un avantage autant qu'un inconvénient. Je suis du genre à lire n'importe où, n'importe quand, et la structuration de récit traditionnelle, avec des chapitres, des retours à la lignes, des points, me donnent des repères pour interrompre ma lecture puis la reprendre. Ici, j'ai dû changer complètement mes habitudes, et au lieu de consacrer cinq minutes par-ci, cinq minutes par-là à ma lecture, j'ai dû y consacrer plusieurs longues plages horaires. Je ne regrette cependant rien du tout, car j'ai vraiment pu découvrir autre chose, une façon d'écrire et de raconter complètement différente de ce dont j'ai l'habitude. C'est un mélange entre récit de son passé et critique du monde occidental, de notre façon de consommer l'art, des travers de notre société. C'est donc l'art qui sert de porte d'entrée pour la critique que l'auteur développe.
Le personnage de Krivoklat ne se donne pas si facilement Il se découvre, au fil des pages. Les précisions habituelles ne sont pas données : on ne sait pas son âge, sa corpulence, son physique, on ne sait pas grand chose sur sa famille hormis les détails qui sont donnés au compte-goutte, et d'ailleurs ce n'est pas si important. J'ai eu un petit moment à me demander "Est-il vraiment fou ? Son geste a-t-il une vraie logique ?" et puis, au fur et à mesure, je me suis rendue compte que je m'en fichais. J'acceptais de voir le monde à travers ses yeux. Et lorsque je pensais le connaître, l'avoir enfin appréhendé dans son entièreté, il me révélait quelque chose de nouveau sur lui. Sa manière de parler est vraiment particulière, comme s'il nous confiait les choses, et on se sent directement proche de lui, et ce sans jamais parvenir à saisir ce personnage. L'humour suinte dans les pages, un humour un peu noir parfois, croquant. C'est une expérience très, très étrange pour moi qui cherche sans cesse à comprendre tout. En un mot : il faut se laisser faire, faire taire ses appréhensions et s'ouvrir pour réussir à s'attacher au récit, écouter Krivoklat comme on écoute un vieil homme que l'on va voir dans sa chambre d'hôpital et dont on accepte le grain de folie qui lui fait voir le monde sous un angle complètement différent du nôtre.
Je ne peux pas dire que j'ai adoré, car me mettre à la lecture de ce roman a été difficile à chaque plage de lecture. Mais je ne peux pas dire que j'ai détesté, car une fois plongée dans cette atmosphère particulière, à part et en retrait du monde, j'ai découvert une façon d'écrire complètement différente et innovante, qui m'a impressionnée. Une découverte hors du commun à laquelle je n'étais pas préparée !
Je ne sais pas trop par où commencer. Je ne sais pas non plus si j'ai aimé ou non. Une chose est sûre : ce livre m'a bouleversée. C'est l'histoire de Krivoklat, un interné psychiatrique au Centre Médical du Château Immendorf, enfermé à cause du geste fou qu'il répète à chaque sortie : asperger à l'acide sulfurique à quatre-vingt-seize pour cent des tableaux de grands maîtres.
C'est une véritable immersion dans l'intimité de Krivoklat, qui nous pousse à voir le monde à sa façon pour comprendre ce geste d'amour destructeur. L'éditeur a bien nommé la structure de ce récit : "un monologue torrentiel". J'ai eu l'impression que Krivoklat parle, parle, parle sans arrêt, c'est d'ailleurs l'impression que donne la mise en forme du récit : sans aucun retour à la ligne, avec de très rares points. C'est la là difficulté de ce roman, car il faut s'immerger complètement dans l'histoire. Très difficile à lire dans les transports en commun, où l'on est toujours interrompu par quelqu'un qui vous bouscule ou des bruits de discussion. Un jour, j'ai perdu ma page à cause d'un câlin surprise de mon chat, pas besoin de dire que j'ai eu un mal de chien à la retrouver... C'est donc le genre de livre à lire dans son lit, au chaud, au calme, sans rien ni personne pour nous empêcher de plonger avec Krivoklat dans le débit vertigineux de son histoire.
Il raconte son passé, à un moment que l'on ne parvient pas à dater, comme si le temps c'était arrêté dans sa chambre. D'ailleurs, on ne sait même pas où on est. Et toutes les choses qu'il raconte, toutes ces choses qu'il critique dans un mélange de rage et de passion, semblent être rangées selon l'ordre aléatoire avec lequel elles apparaissent dans son esprit. Il n'y a aucune coupure dans le récit, véritablement comme une vraie discussion où l'on passe d'une idée à l'autre suivant le court de ses pensées. Une fois qu'on est plongé dans ce roman, difficile dans sortir, même le temps de faire une pause aux toilettes. Cette forme est pour moi un avantage autant qu'un inconvénient. Je suis du genre à lire n'importe où, n'importe quand, et la structuration de récit traditionnelle, avec des chapitres, des retours à la lignes, des points, me donnent des repères pour interrompre ma lecture puis la reprendre. Ici, j'ai dû changer complètement mes habitudes, et au lieu de consacrer cinq minutes par-ci, cinq minutes par-là à ma lecture, j'ai dû y consacrer plusieurs longues plages horaires. Je ne regrette cependant rien du tout, car j'ai vraiment pu découvrir autre chose, une façon d'écrire et de raconter complètement différente de ce dont j'ai l'habitude. C'est un mélange entre récit de son passé et critique du monde occidental, de notre façon de consommer l'art, des travers de notre société. C'est donc l'art qui sert de porte d'entrée pour la critique que l'auteur développe.
Le personnage de Krivoklat ne se donne pas si facilement Il se découvre, au fil des pages. Les précisions habituelles ne sont pas données : on ne sait pas son âge, sa corpulence, son physique, on ne sait pas grand chose sur sa famille hormis les détails qui sont donnés au compte-goutte, et d'ailleurs ce n'est pas si important. J'ai eu un petit moment à me demander "Est-il vraiment fou ? Son geste a-t-il une vraie logique ?" et puis, au fur et à mesure, je me suis rendue compte que je m'en fichais. J'acceptais de voir le monde à travers ses yeux. Et lorsque je pensais le connaître, l'avoir enfin appréhendé dans son entièreté, il me révélait quelque chose de nouveau sur lui. Sa manière de parler est vraiment particulière, comme s'il nous confiait les choses, et on se sent directement proche de lui, et ce sans jamais parvenir à saisir ce personnage. L'humour suinte dans les pages, un humour un peu noir parfois, croquant. C'est une expérience très, très étrange pour moi qui cherche sans cesse à comprendre tout. En un mot : il faut se laisser faire, faire taire ses appréhensions et s'ouvrir pour réussir à s'attacher au récit, écouter Krivoklat comme on écoute un vieil homme que l'on va voir dans sa chambre d'hôpital et dont on accepte le grain de folie qui lui fait voir le monde sous un angle complètement différent du nôtre.
Je ne peux pas dire que j'ai adoré, car me mettre à la lecture de ce roman a été difficile à chaque plage de lecture. Mais je ne peux pas dire que j'ai détesté, car une fois plongée dans cette atmosphère particulière, à part et en retrait du monde, j'ai découvert une façon d'écrire complètement différente et innovante, qui m'a impressionnée. Une découverte hors du commun à laquelle je n'étais pas préparée !
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